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L'ABBOMINABLE AVENTURE
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3 mars 2008

LA FONDATION DU VILLAGE


En Algérie, 1871 a vu le déclenchement, par le Bachaga de la Medjana Si Mokrani, de l'insurrection kabyle qui débute dans la région de Bordj-Bou-Arréridj le 14 mars. Les causes en sont multiples : les suites désastreuses de la défaite de la France en 1870, des influences religieuses, les nombreuses maladresses de l'Administration vis à vis de chefs locaux, un réel esprit d'indépendance manifesté par les populations kabyles. Cette sédition prendra fin au début du mois de juin. Le 12 août, un arrêté du Commissaire Extraordinaire de la République en Algérie, Alexis Lambert, prononce le séquestre apposé sur "tous les biens des indigènes en état d'hostilité." Le territoire du nouveau village sera établi sur les terres séquestrées des Douars Isser-Djedian et Boubérak, ce qui repésente 1/5 de leur étendue totale (Photo N° 1 de l'album "Les actes fondateurs").

C'est au cours de l'été de cette même année qu'Adraste Abbo tourne son regard vers l'autre côté de la Méditerranée et envisage d'y acquérir une propriété importante. Le 16 septembre, le Gouverneur Général de Gueydon accuse réception de la demande introduite par le Préfet des Alpes-Maritimes et résume parfaitement le projet initial : obtenir 4 à 500 hectares de terres et amener avec lui une petite colonie de 200 personnes environ (Photo N° 2). Le processus est enclenché. Adraste Abbo est invité à trouver le site où il implantera un nouveau village ; de son côté, son fils Rémus prospecte l'arrière-pays niçois pour engager des volontaires et, parallèlement, l'Administration se met en route pour concrétiser le projet.

Le 10 janvier 1872, l'Amiral de Gueydon est amené à donner son avis sur la création d'un ensemble de villages dans la vallée du Bas-Sébaou : il s'agir d' "assurer la sécurité des deux routes qui relient Dellys à Alger et à Tizi-Ouzou, au moyen de la création d'une suite de villages se reliant les uns aux autres et pouvant se prêter un mutuel appui" (Photo N° 3). Début février, une Commission ad-hoc a remis son rapport sur "la création d'un centre de 75 feux dans les Isser-Djedian" : le Gouverneur Général note l'existence de "parcelles non frappées de séquestre et dont on ne pourra obtenir la libre disposition qu'en employant l'expropriation" et il invite le Préfet d'Alger à "faire procéder d'urgence à la reconnaissance de ces parcelles, que les propriétaires consitiraient sans doute à échanger contre des immeubles, situés dans le voisinage" et il invite par ailleurs le Préfet à "faire procéder à l'établissement d'un projet régulier embrassant tous les travaux préalables à l'insatallation du village" tout en demandant une grande modération des dépenses qui ne devront "pourvoir qu'aux besoins les plus indispensables" (Photos N° 4 & 5). Huit jours plus tard, il signe l'Arrêté déclarant d'utilité publique prescrivant l'installation du nouveau centre de population qui sera doté d'un territoire de 2 156 ha et 20 a et dont le peuplement sera constitué de familles en provenance des Alpes-Maritimes (Photo N° 6).

Le 27 mai (Photos 7 à 10), le Préfet présente un projet complet pour le "Village Abbo" qu'il propose d'appeler Abboville. Il repose sur le travail minutieux d'un Inspecteur du Cadastre, M. Leudugers-Fortmorel : l'exiguïté relative du plateau choisi pour l'implantation du village conduira à l'attribution de lots de terres de 25 à 30 hectares, de lots à bâtir de 4 ares et de lots de jardins de 30 ares par famille et à réduire de 75 à 60 le nombre de foyers à établir. Le 6 septembre (Photo N° 11) est publié un "Avis d'expropriation d'urgence pour cause d'intérêt public" des terrains nécessaires à la constitution de ce nouveau centre. Pendant ce temps, Adraste Abbo a démissionné de son mandat de Maire à Castellar et le 12 octobre, il accueille un premier contingent de 47 émigrants amené par le transport d'Etat "L'Ardèche" ; ils sont conduits à Ouled-Kheddache puisque sur place rien n'est prêt pour les accueillir. Trois jours plus tard, Adraste Abbo signale néanmoins : "Mes gens campent maintenant sur le plateau de Bois-Sacré sous la direction de mon fils. Ils sont contents et n'ont besoin de rien". Il essaie d'activer la légendaire lenteur administrative en annonçant, pour la fin du même mois, l'arrivée d'un important contingent de familles.

Si les travaux semblent traîner en longueur, les échanges de correspondances entre les divers services sont nombreux et le 21 octobre (Photos 12 à 15) on peut avoir une idée précise de ce que sera le village avec le Plan de lotissement dû à M. de Mazas, Ingénieur Ordinaire (sic) des Ponts et Chaussées : il comprend 65 lots urbains et 10  lots à usage industriel (qui ne seront jamais utilisés à ces fins, mais deviendront aussi lots urbains lors d'un agrandissement du village. Le 19 janvier 1873, 280 personnes débarquent à Dellys d'un autre transport d'Etat "La Dordogne" (Photo N° 16) amenant avec eux 60 tonnes de bagages.

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Commentaires
P
Il est important de savoir d'où l'on vient; de connaître ses racines. Je ne suis pas née à Abbo mais je connais les moindres recoins de notre beau village.<br /> Merci à toi Christian d'avoir fait ce blog.<br /> Puisse-t-il être un lieu de mémoire ?<br /> <br /> P'tite cousine du 83.
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